Un peu d'Histoire
Le Domaine de Saint Remy
http://cfranquelin.free.fr/shrvc/production/saint_remy_pages_de_1983_tome_28.pdf
C’est sous Clovis que l’on entend parler pour la première fois de Villers- . Il avait parmi ses officiers généraux, un seigneur sicambre* nommé Chagnéric. Ce seigneur avait rendu de grands services au roi. Aussi, pour le remercier, Clovis lui fit don du domaine de Nanteuil. Ce domaine comprenait "une métairie enveloppée de toutes parts par la forêt" autour de laquelle "s’étaient groupées quelques maisons, pauvres chaumières habitées par des serfs". Le nom donné à ce hameau était Villare. Terme générique pour désigner les petites réunions d’habitations et diminutif de villa : ville.
Récemment converti au christianisme, Chagnéric fit élever à ses frais une chapelle qui prit le vocable de Saint-Georges (saint patron des militaires).
C’est ainsi que Villers devint Villers-Saint-Georges.
Mais où était situé ce lieu ?
Dans la plaine Saint-Rémy, qui se trouve à la sortie nord de Villers-Cotterêts.
Si vous remontez la route de Vivières pour quitter la ville, il s’agit de la dernière propriété sur votre droite, avant la nationale2.
Saint Valbert, petit-fils et héritier de Chagnéric, fondateur de l’abbaye de Luxeuil à Nanteuil, établit un prieuré à Villers-Saint-Georges où il place un prêtre et quelques servants pour cultiver la terre.
Il cède ensuite la propriété de Villers-Saint-Georges à l’abbaye de Luxeuil, qui ne la conservera pas après la mort de Saint-Valbert.
La colonie passe aux rois de France.
Quelques 200 ans plus tard, elle a prospéré. Il y a désormais plusieurs hameaux appelés granges, hostises**, colonies.
Le village est divisé en trois parties et a donc trois propriétaires :
- Le plus gros des maisons entre la plaine Saint-Rémy et le château, propriété des moines de Saint-Georges.
- le château médiéval de la Malmaison, à proximité de l’église, propriété des seigneurs de Crépy.
- les troisièmes propriétaires sont les seigneurs de Nanteuil dont "l’hôtel du fief … s’élevait au-delà du village".
Alexandre Michaux précise que l'ensemble sera dès lors connu sous le nom de Villers-Cotterêts ou Col-de-Retz, ou Coste-Retz. Mais également Villare ad costam, ad Restum, ad Collum, ad Caudam resti, Villare colli retz, justa restum, ad retiam, Villaris ad Collum retie, etc...
Toutes ces dénominations ont été retrouvées sur des ordonnances, des chartes ou des monuments.
Invasions normandes et guerres civiles au Xème siècle vont semer un grand désordre. Pillages et appauvrissement du prieuré vont aboutir à son placement sous le monastère de Chaise-Dieu en Auvergne.
Les seigneurs de Nanteuil transmettent la propriété de tous leurs droits utiles à des chevaliers et officiers de leurs maisons, également appelés "avoués" ou "concierges". Le concierge est un personnage distingué et important puisqu’il est sollicité pour régler des différends entre personnes de "haut partage". Il prendra plus tard le nom de gouverneur.
Au XIIème siècle, le château médiéval de la Malmaison appartient à Philippe d’Alsace, comte de Flandre et son épouse la comtesse Elisabeth de Vermandois.
Impossible de connaître l’aspect et les dimensions de ce château, car aucun plan n’a été conservé. Nous savons seulement qu’il devait être remarquable car Philippe d’Alsace "faisait ses délices de sa nouvelle maison de plaisance". Par ailleurs, l’étendue de l’édifice devait être considérable puisque les rois, accompagnés des grands officiers de la couronne, y faisaient de fréquents séjours.
L’unique église se situe dans la plaine Saint-Rémy. Elle est par conséquent éloignée du château.
Philippe d’Alsace sollicite les religieux de Saint-Georges afin qu’ils lui accordent l’autorisation d’ériger une chapelle à proximité de son corps de logis. Ils acceptent à la condition qu’elle soit dédiée à Saint-Maur (l’un des saints de leur ordre).
A la suite de la Guerre de Cent ans, la Malmaison est détruite, la chapelle Saint-Maur n’est pas épargnée.
Au 16ème siècle, François 1er va faire renaître le duché en prenant la décision, dès 1528 de faire relever un château à Villers-Cotterêts. Il s’agit bien évidemment de l’actuel château Renaissance, future cité internationale de la langue française.
Le saviez-vous ?
Bien que le château royal possède sa chapelle, François 1er va faire restaurer et agrandir la chapelle Saint-Maur, la nommer église paroissiale et lui attribuer le vocable de Saint-Nicolas. De l’époque médiévale subsistent le chœur et le transept nord.
Qu’advient-il du prieuré de Saint-Georges ?
Il est presque abandonné au début du 17ème siècle. Mais la bonne conservation ou la restauration des bâtiments permet d’y installer des religieuses. C’est ainsi que la communauté bénédictines de Saint-Rémy de Senlis y est transférée après 1622 et y restera jusqu’en 1791, date à laquelle l’édifice est vendu. La majeure partie des bâtiments est détruite entre 1791 et 1835. Au 19ème siècle, le site accueillera successivement une usine textile, une ferme, puis le chenil de l’équipage de chasse à courre de Villers-Cotterêts, jusqu’au début des années 80. Il subsiste aujourd’hui le colombier en brique datant du 17ème siècle.
Alexandre Michaux est né à Villers-Cotterêts en 1834. Juriste de formation, il exerce le métier d'imprimeur à Soissons, il dirige le journal "le Progrès de l'Aisne". Il publie plus de 80 études locales pour la Société historique et archéologique de Soissons. Nous lui devons "Histoire de Villers-Cotterêts, la ville, le château, la forêt et les environs".
Son nom a été donné au passage permettant d’accéder du centre-ville à la rue Ernest d’Hauterive.
*peuple germanique ou celtique établi, au Ier siècle av. J.-C., sur la rive droite du Rhin
**hébergements type hôtel
Source : wikipedia / histoire de Villers-Cotterêts - Alexandre Michaux / SHRVC - Madeleine Amiet-Dubois et Marcel Leroy / base Mérimée